Du labo au cours d’eau

Gabriela Bernicard, Technicienne Études et Projets, Surveillance Rivière

Gabriela vient de loin : elle a grandi dans l’état de Veracruz, au Mexique, y a fait ses études, puis est arrivée en région parisienne avec son mari, rencontré au Mexique, il y a quelques années. Quelque temps après, elle intègre Veolia Eau d’Île-de-France en tant que Technicienne Études et Projets. Aujourd’hui, cette femme pleine de vie y remplit deux missions principales : préserver l’Oise et améliorer les méthodes de filtration des particules indésirables qui se trouvent dans l’eau de la rivière.

 

Petit rappel : l’Oise est l’une des trois rivières alimentant les 4,6 millions de consommateurs du territoire du SEDIF. Son eau est prélevée, puis traitée à l’usine de Méry-sur-Oise. Un traitement indispensable car elle traverse des activités industrielles, agricoles, liées aux loisirs… qui peuvent venir la polluer.

 

Gabriela est en charge d’inspecter cette rivière pour vérifier qu’il ne s’y passe rien d’anormal : dépôts sauvages sur les berges ou encore présence de traces d’hydrocarbures dans les évacuations d’eaux pluviales. C’est un point essentiel de son métier : être sur le terrain, même s’il arrive parfois que ce soient les pompiers ou les riverains qui l’alertent directement. Par exemple, lors d’une fuite d’hydrocarbures, une nappe se forme et se déplace sur la rivière. Elle doit aller l’étudier pour faire arrêter le pompage de l’eau dans la rivière par l’usine, au bon moment et si nécessaire. C’est une mission essentielle car lorsqu’une usine du SEDIF doit cesser de produire, il faut informer les deux autres présentes sur le territoire pour qu’elles puissent prendre le relais et assurer la continuité du service de distribution de l’eau.

 

Avant de distribuer l’eau à ses consommateurs, le Service public de l’eau s’assure de sa qualité en la traitant à travers plusieurs étapes. Via notamment la nano-filtration. Concrètement, il s’agit de faire passer de l’eau déjà filtrée et nettoyée dans une membrane, un tube d’un mètre de long composé de 36 filtres, pour en éliminer cette fois les plus infimes particules. 

 

Question sécurité, l’approvisionnement en eau de 4,6 millions de consommateurs ne peut dépendre que d’un seul fournisseur de filtres. S’ils venaient à faire défaut, la production d’eau pourrait être stoppée. Et puis, il faut s’adapter sans cesse à l’évolution des polluants. Les changements technologiques, économiques et climatiques contribuent à modifier tout ce qui se déverse dans la rivière. Aussi, en fonction des températures, de nouvelles bactéries peuvent apparaître ou, au contraire, disparaître… Il faut donc adapter le filtrage en conséquence. Alors au-delà de l’inspection de la rivière, la seconde principale mission de Gabriela est de tester de nouveaux filtres afin d’en trouver de plus performants ou moins gourmands en énergie. Elle cherche également à augmenter leur durée de vie, notamment en optimisant les méthodes d’entretien. Et pour être toujours à la pointe des dernières innovations, Gabriela va régulièrement sur des salons pour trouver le matériel le plus pertinent, tant sur un plan technique que budgétaire.

 

Préserver la ressource, c’est aussi faire de la prévention auprès de ceux qui œuvrent au bord de l’Oise : Communautés d’Agglomération, Syndicats d’assainissement, municipalités, police municipale, pompiers, éclusiers, VNF (Voies Navigables de France), DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement)…

Lors de l’entrevue, Gabriela découvre un nouveau chantier en bordure de rivière. Elle part donc à la rencontre du responsable pour l’informer des mesures de précaution obligatoires. De la prévention mais aussi de la sensibilisation : Gabriela s’applique ainsi à informer et attirer l’attention du grand public sur la préservation de l’eau. C’est assez facile et même gratifiant : parfois les riverains changent spontanément de comportements pour faire plus attention.

 

 

Vous l’aurez compris, Technicien Études et Projets chez Veolia Eau d’Île-de-France est un métier de constante adaptation. D’ailleurs, les yeux de Gabriela brillent quand elle évoque les stratégies élaborées avec les ingénieurs de l’usine de Méry-sur-Oise. Dans ce contexte d’innovation, polyvalence et complémentarité sont indispensables. En effet, pour chaque problème, les ingénieurs avec qui elle travaille font des recherches bibliographiques et Gabriela leur propose alors une méthode de tests. Se voyant comme « les mains des ingénieurs », elle éprouve ses hypothèses en conditions réelles et trouve souvent des solutions inattendues.

« On n’a qu’une journée » disait la grand-mère de Gabriela, au Mexique, il faut prendre ce qu’on nous donne et chaque jour, faire au mieux. Voilà le credo de Gabriela, qui court de la rivière au labo et du banc d’essai à la rivière, avec un but : rencontrer les acteurs de la vie économique et sociale des berges de l’Oise et les sensibiliser aux enjeux de la préservation de cette ressource sans laquelle rien ne serait possible.

 

 

 

 

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