À la rencontre de l’un des architectes du labyrinthe

Antoine Duturc, Ingénieur Etudes et Projets

Plus de 8 700 km de canalisations, où transitent 770 millions de litres d’eau au quotidien, pour alimenter 4,6 millions de consommateurs répartis sur 800 km2… Le réseau d’alimentation d’eau potable géré par Veolia Eau d’Île-de-France, délégataire du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), est l’un des plus grands d’Europe.

Depuis son puisage dans la Seine, la Marne et l’Oise et jusqu’à vos robinets, l’eau distribuée sur le territoire du SEDIF est nettoyée, filtrée, contrôlée, constamment surveillée. Une vigilance rendue notamment possible grâce à un outil fascinant… et unique : le ServO.

Le ServO est le centre de pilotage mis en place par Veolia Eau d’Île-de-France pour le SEDIF, en 2016. Il traite des millions de données en continu pour permettre d’organiser la production et la distribution de l’eau, d’améliorer le rendement du réseau en localisant les fuites, d’assurer la continuité du service en anticipant les phénomènes de pollution, les pannes… En somme, pour optimiser l’approvisionnement en eau potable.

 

 

Ce dispositif phénoménal est au service de ceux qui œuvrent à la production et à la distribution de l’eau potable sur le territoire du SEDIF, qu’ils soient sur le terrain, dans les usines, à la maintenance des canalisations, gérant l’organisation des chantiers…

Pour développer chaque nouvelle fonctionnalité de cette innovation et en améliorer sans cesse les performances, il faut des Ingénieurs Études et Projets. Antoine est l’un d’entre eux.

Pour comprendre son métier, il faut pouvoir visualiser l’outil. Celui-ci est composé de cinq applications complémentaires.

> « NivO4 », application essentielle du ServO, centralise les interventions prévues et les incidents qui surviennent dans les usines et sur le réseau. Elle offre une vision en continu des capacités de production de Veolia Eau d’Île-de-France.

> « ADR » (Aide au Diagnostic du Réseau) quantifie chaque jour le rendement de réseau : en comparant la quantité d’eau injectée dans le réseau et celle consommée, on peut ainsi savoir quelle quantité se perd en chemin et tenter d’y remédier. Cette application reçoit et analyse également les données transmises par 1 700 capteurs acoustiques Res’Echo. Placés contre les canalisations, ils permettent de mieux identifier les fuites.

> « ADI » (Aide au Diagnostic des Installations) permet de suivre le bon fonctionnement des équipements en usines et d’anticiper les pannes, afin de planifier leur maintenance au meilleur moment et de maintenir un bon niveau de sécurité d’alimentation sur l’ensemble du territoire. Enfin, « Traçabilité » et « Atlas ServO » sont les deux autres applications qu’Antoine contribue à développer.

 

> « Traçabilité » est un outil permettant de suivre en continu les variations de
4 caractéristiques de l’eau : sa température, sa pression, sa concentration en chlore et
sa conductivité. Ces indices sont mesurés grâce aux 215 sondes Qualio réparties sur tout
le réseau. Un dispositif stratégique qui permet d’établir rapidement des diagnostics d’intervention en cas de variations trop brusques. 

Cet outil de simulation hydraulique permet aussi de calculer la manière dont l’eau s’écoule dans les tuyaux (débit, pression, vitesse, direction). On peut ainsi anticiper quelles zones seront touchées par une dégradation de la qualité de l’eau et avertir les consommateurs si besoin. Comme dans certains films d’anticipation, « Traçabilité » peut remonter le temps et retrouver l’origine d’une pollution sur le réseau.

 

 

> Quant à « Atlas ServO », c’est un peu le super Google Maps du réseau hydraulique. Avec cet outil, on peut géolocaliser les emplacements des réservoirs, des canalisations, des sondes Res’Echo et Qualio, mais aussi localiser les incidents d’exploitation repérés par « Traçabilité ».

L’élaboration et le suivi de ces deux applications du ServO passionnent Antoine, tout comme sa collaboration nécessaire avec tous les acteurs impliqués, que ce soit les équipes de la Direction des Systèmes d’Information (DSI), contribuant à développer l’outil, ou les utilisateurs sur le terrain et dans les usines. Ces échanges permettent aux ingénieurs de mieux comprendre les besoins des exploitants, et ainsi, ils peuvent plus facilement mettre au point de nouvelles fonctionnalités avec la DSI.

 

Antoine est également chargé de coordonner la production des trois usines, de faire le lien entre elles, pour garantir notamment l’alimentation en eau, en continu, sur l’ensemble du territoire.

En lien avec les exploitants, Antoine et ses collègues élaborent donc, à tour de rôle, la stratégie de production d’eau potable pour la semaine suivante, en fonction de la consommation à venir et des disponibilités de production.

 

La stratégie de production doit en effet être adaptée en permanence, tant le réseau du Service public de l’eau est comme un organisme vivant : il évolue constamment, au gré des incidents, des maintenances, des pollutions de la ressource… Les besoins en eau potable changent aussi avec les températures, le contexte… Il faut donc être attentif à la vie des consommateurs pour anticiper leurs attentes et prendre en compte tous les paramètres, comme les vacances scolaires, les jours fériés, les périodes de canicule…, qui ont un impact sur la consommation. Rien ne doit altérer la production et la distribution d’eau potable, elles doivent se faire en continu, 24 h / 24 et 7 j / 7. Et concernant les infrastructures, tout doit être anticipé. Par exemple, si une réserve principale était indisponible sur le réseau, la capacité et la stratégie d’exploitation en seraient impactées.
En plus d’estimer la consommation à venir des Franciliens, Antoine organise ainsi la répartition de la production en fonction des usines et planifie les interventions nécessaires sur le territoire pour assurer chaque jour le maintien d’une capacité de production suffisante.

Et tout cela n’est possible qu’avec l’aide des exploitants travaillant dans les usines, avec qui Antoine est en relation constante. En effet, sur ce réseau, aucun problème n’est anodin, aucune réponse n’est simple. Répondre à ces problèmes fait appel à de nombreux paramètres, souvent complexes. Pour que les échanges entre les exploitants et le ServO soient les plus utiles possible, le rapport humain est primordial.
Dans ce métier de gestion de la ressource en eau, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Cette adaptation constante fait en partie le sel du métier d’Antoine.

 

Antoine apprécie tout particulièrement combiner des missions d’exploitation et de gestion de projet, une des particularités du service. Assurément minutieux et perfectionniste, à l’instar de ses collègues, il cherche sans cesse à optimiser la technologie numérique du ServO. L’immensité des informations récoltées et des données à traiter représentent une source inépuisable de nouvelles idées pour contribuer à améliorer encore le réseau d’eau potable.

 

 

 

 

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