Profession ? Chasseur de risques !

Ludovic Cayotte, Coordinateur Sécurité et Sûreté

Ludovic Cayotte est l’un des Coordinateurs Sécurité et Sûreté Veolia Eau d’Île-de-France de l’usine de Neuilly-sur-Marne et du centre associé. Sa mission ? Appréhender, traquer et déminer tous les risques avant même qu’ils ne surviennent, sur le terrain.

Un presque-accident est si vite… « presque-arrivé ! » Bienvenue dans le monde de la sécurité, où l’on analyse tous les faux pas, les glissades, les « on a frôlé l’accident ! »… et où l’on met en place des mesures de prévention adaptées pour, justement, éviter les accidents. Ce monde, c’est celui de Ludovic Cayotte, Coordinateur Sécurité et Sûreté au Centre Marne, dont l’usine est basée à Neuilly-sur-Marne (93). Un métier de vigilance permanente, qu’il exerce en équipe. Ensemble, ils sont la « tour de contrôle » humaine du risque du Centre : une bonne vue pour tout voir, une écoute affûtée pour entendre toutes les remontées, le sens de l’anticipation et un champ d’action de 360°.

La Pyramide de Bird, à la base de la sécurité

À la base du métier de Coordinateur Sécurité et Sûreté, il y a une pyramide : la pyramide des risques de Bird. Théorisée et illustrée en 1969, il s’agit d’une règle immuable et valable dans toutes les organisations, encore plus dans les environnements industriels, souvent considérés comme environnement à risque. Elle comporte quatre niveaux qui permettent de déterminer les risques d’accidents au travail : de petits faits, à la base de la pyramide, aux accidents mortels au sommet, en passant par les accidents sans ITT (Incapacité Temporaire Totale) et les accidents plus graves, au milieu. Le rôle du coordinateur est donc d’agir en bas de la pyramide, le plus tôt possible, et en permanence, pour ensuite pouvoir corriger toutes les trajectoires du risque, qu’elles soient d’origine humaine, matérielle, organisationnelle, environnementale, interne ou externe ! Car le risque est inhérent à chaque action, il est partout et se modifie sans cesse, et il doit être traité à la racine pour une sécurité optimale ! Ainsi, les petits faits peuvent être immédiatement corrigés, pour ne pas évoluer en accidents graves, voire même, pour être évités.

La pyramide de Bird et ses 4 niveaux de risque. Les statistiques démontrent, en règle générale, que pour 600 presqu’accidents, il y a 1 accident mortel. Par conséquent, si une entreprise agit en bas de la pyramide, celui-ci peut être évité.​ ​Ces chiffres sont génériques et ne concernent pas Veolia Eau d’Île-de-France.

50 % d’administratif ; 50 % de terrain ; 100 % d’écoute ; 100 % de sécurité !

Assurer la sécurité des personnes sur le périmètre de l’usine de Neuilly-sur-Marne et de ses sites distants (réservoirs, stations de pompage…), c’est une mission de tous les instants pour Ludovic et son binôme Bertrand. Elle prend plusieurs formes : de la prévention, des procédures, des inspections, des actions correctives à mettre en place, comme par exemple la signalisation d’une zone dangereuse, l’installation de barrières ou encore l’isolation des produits dangereux… Et cela se passe à 50 % sur le terrain et à 50 % au bureau. C’est d’ailleurs cette diversité qui plaît à Ludovic, en poste chez Veolia Eau d’Île-de-France depuis 2017. D’une part, des déplacements, des interactions constantes, des installations, des chantiers à visiter, dans le décor préservé et végétalisé du Centre Marne, et d’autre part, une veille réglementaire, technique et juridique, un suivi administratif à effectuer, dans son bureau à la porte toujours ouverte. En effet, tous ceux qui ont une anomalie ou une situation dangereuse à remonter, qu’ils soient collaborateurs Veolia Eau d’Île-de-France ou intervenants extérieurs, doivent pouvoir le faire facilement, avec fluidité. La vigilance doit être partagée par tous, et les Coordinateurs Sécurité et Sûreté ne peuvent pas travailler seuls, isolés. Ils ont besoin de ces remontées, que ce soit de visu, au téléphone, ou encore via la rubrique dédiée sur l’intranet de Veolia Eau d’Île-de-France, “PASD” (Presque Accident ou Situation Dangereuse).

 

Echange autour de la sécurité


À chaque situation dangereuse sa parade : des actions au quotidien sur le terrain

Sécurisation d’un trou d’homme par barreaudage

Et des situations dangereuses, il y en a tous les jours, et ce ne sont jamais les mêmes. Par exemple, pour inspecter des sondes situées en sous-sol, les opérateurs devaient se pencher au-dessus d’un trou d’homme, une vaste ouverture, sans réel moyen de s’assurer. Après étude, Ludovic et Bertrand ont donc mis en place la procédure corrective nécessaire. Ils ont tout d’abord constaté et étudié la situation. Ils ont ensuite établi la liste des solutions envisageables, et en fonction de celle retenue, ils ont fait réaliser des devis aux entreprises intervenant sur site afin de pouvoir les comparer. Une fois le devis et la commande validés auprès d’une des entreprises, Ludovic et Bertrand ont suivi l’avancée des travaux.

Sécurisation d’une situation dangereuse

 

Autre exemple constaté lors de notre visite : une flaque persistante et inexpliquée au pied d’un mur avait été signalée à Ludovic. Dans l’attente d’une intervention de réparation, il a donc fallu alerter les collaborateurs de la présence de cette flaque, potentiel danger lors des premières gelées. Alors, dans un premier temps, Ludovic a isolé et balisé la zone, avant de mettre en place des barrières plus pérennes.

 

 

 

Les plans de prévention, une dimension essentielle de l’activité du Coordinateur

Réalisation d’un plan de prévention

En effet, au centre Marne, comme dans les deux autres centres du territoire du SEDIF, l’activité est assurée par des collaborateurs de Veolia Eau d’Île-de-France, et par des entreprises sous-traitantes. Assurer la sécurité de ces sous-traitants est l’une des facettes importantes du métier de Coordinateur. C’est d’ailleurs l’un des enjeux des plans de prévention, rédigés par Ludovic et Bertrand, et signés par les contractants, qui permettent à chacune des entreprises - et également, voire surtout - à tous les acteurs présents sur le terrain, de connaître les mesures mises en place face aux risques particuliers que leur activité leur fait courir. Ce document, encadré par le Code du Travail, délimite le périmètre des interventions de l’entreprise et les consignes données aux intervenants. À Neuilly-sur-Marne, ce ne sont pas moins de 140 à 170 plans de prévention qui sont rédigés et signés chaque année. Cette charge de travail administratif est conséquente mais permet de cadrer juridiquement toutes les interventions au cours de l’année. Cette dimension réglementaire est essentielle dans le métier de Ludovic. D’une part, elle pose le cadre de la sécurité sur le site, et facilite son partage avec tous. En matière de prévention, il faut rappeler les fondamentaux constamment, auprès de tous ! Et d’autre part, elle assure une traçabilité des actions effectuées : le cadre réglementaire et juridique français est très bien structuré, ce qui implique certaines formalités.

 

 

La prévention, une sensibilisation au quotidien

Au quotidien, dans les bureaux et sur le terrain, les Coordinateurs jouent également un rôle fondamental d’animation et de prévention auprès de tous les collaborateurs. Ainsi, chacun peut plus facilement intégrer les bonnes pratiques et les gestes réflexes de la sécurité : quels EPI (Équipement de Protection Individuelle) porter ? Quand ? Quelles sont les consignes ?… Il s’agit surtout de les sensibiliser, de les informer et de les renseigner. L’inspection pure et simple serait contre productive, puisque les remontées d’information du terrain s’épuiseraient naturellement ! Ce qu’il faut éviter à tout prix car la sécurité implique en effet toutes les équipes et cette prévention ne fonctionnerait pas sans un véritable travail collectif. Nous avons d’ailleurs pu en faire l’expérience. Sans le savoir, le jour du reportage, nous nous étions garés dans le mauvais sens sur les places de stationnement visiteur. Alors, pendant que nous interviewions Ludovic, Bertrand est venu nous rappeler la règle en usage. Toujours se garer en marche arrière pour faciliter le démarrage et l’insertion du conducteur sur la route en cas d’alerte. Désormais, nous connaissons cette règle, et nous nous garerons uniquement en marche arrière sur un parking d’usine… car la sécurité, c’est l’affaire de tous. Et charge à Ludovic, et aux autres Coordinateurs Sécurité et Sûreté Veolia Eau d’Île-de-France, de la rappeler.

Copyright : Cyril Merle, Grégoire Voevodsky — Agence Everyday Content

Les photos de ce reportage ont été prises le 10 septembre 2021.